Montréal, le 30 Mars 2016- Immigration Canada exige qu’un homme paie les frais pour sa déportation avant de pouvoir revenir au Canada et être réuni avec sa famille à Montréal. Robert (nom fictif), un réfugié dont la demande a été refusée, a été expulsé il y a un an, alors qu’il était un tuteur principal de sa petite fille adoptive, âgée de 3 ans à l’époque. Maintenant que sa demande de résidence permanente pour motifs humanitaires a été acceptée par Immigration Canada, il peut revenir – mais seulement après avoir payé 1500 $, ce que la famille ne possède pas.
« C’est absurde d’exiger que Robert paye pour avoir été violemment séparé de sa famille et déporté de force. En justice, on lui doit ainsi qu’à sa famille réparation. Le Canada devrait le ramener à la maison immédiatement,» a déclaré Claire Abraham de Solidarité sans frontières.
« Nous ne disposons pas de cette somme d’argent. Depuis l’expulsion de mon mari, j’ai été forcée de travailler moins, car je suis maintenant la seule à prendre soin de ma petite-fille. Quand ma demande a été acceptée, je ne pouvais pas travailler de tout jusqu’à ce que mon permis de travail soit approuvé, par crainte de compromettre ma demande. Etant une famille sans statut, nous n’avons pas accès aux prestations pour enfants, ni aux garderies subventionnées, ni à l’aide sociale ni à quoi que ce soit … Nous comptons sur les banques alimentaires et le soutien de nos ami-e-s pour vivre. J’ai demandé s’il pouvait y avoir un plan de financement, mais Immigration Canada a dit non «, a déclaré sa femme Nancy.
La lutte de Nancy et Robert pour avoir un statut au Canada est une leçon de l’injustice et de la cruauté de la politique frontalière du Canada.
Fuyant son ex-mari violent, avec qui sa famille l’avait forcée à se marier, Nancy s’est réfugié au Canada avec son fils. Leur demande d’asile a été refusée.Toujours craintive de son ex-mari et soucieuse du bien-être de son fils, Nancy a refusé de quitter le Canada. Elle et son fils ont rejoint la classe invisible des travailleurs sans papiers qui récoltent la nourriture des citoyens, font fonctionner leurs usines, et nettoient leurs maisons.
Pour sa part, Robert est venu au Canada pour échapper aux menaces d’un gang. Sa demande d’asile a également été rejetée mais, comme Nancy, il préfère vivre une vie souterraine précaire au Canada plutôt que de retourner vers le danger, dans son pays natal. Nancy et Robert se sont rencontrés et mariés au Canada.
En 2013, le fils de N a été capturé et déporté. Laissant derrière lui sa fille de 2 ans. La DPJ a placé l’enfant avec Nancy et Robert. Dans la maison de ses grands-parents paternels, l’enfant a trouvé la stabilité, l’amour et la sécurité. Robert et Nancy ont travaillé de longues heures en dessous du salaire minimum afin d’assurer que tous les besoins de l’enfant soient respectés. L’enfant a prospéré, appelant Robert «Papa».
Un jour de mars dernier, Robert sortait du métro lorsque la police l’a arrêté. Ce fut un cas de profilage racial: quelqu’un avait rapporté un téléphone cellulaire volé et la police a saisi le premier homme brun qu’ils ont vu. Il n’a rien à voir avec le téléphone portable volé, mais quand ils ont passé son nom dans leur système, ils ont trouvé un mandat d’arrêt émis par l’Agence canadienne des services frontaliers (ACSF) alors que Robert ne s’était pas présenté pour son expulsion sept ans plus tôt. Robert a été détenu au centre de détention de l’immigration de Laval et a rapidement été expulsé. Un autre parent a disparu de la vie de l’enfant.
Il y a un peu partout au Canada entre 80.000 et 500.000 personnes sans statut légal, selon les estimations d’immigration Canada (2008). Ces personnes contribuent à la société d’innombrables façons mais sont exclus de tous les avantages publics. Vivant dans la précarité, ils subventionnent la richesse dont jouissent les citoyen-ne-s.
« La société canadienne a besoin de reconnaître et de mettre fin à son exploitation systémique des personnes sans statuts, et mettre fin à la pratique violente des expulsions,» a ajouté Abraham.