(21 mars) Féte, musique, art pour célébrer la solidarité et la lutte de 12 ans de Kader Belaouni

bridgesamedi le 21 mars 2015 à 18h

Pointe-Saint-Charles (lieu sera anoncé sous peu)

Le 5 février 2015, Abdelkader Belaouni a obtenu sa citoyenneté canadienne après 12 ans de lutte, dont presque quatre en sanctuaire dans une église à Montréal.

Le 3 janvier 2006, Abdelkader (Kader) Belaouni, avait déclaré : «Je ne me cache pas d’Immigration Canada, mais je veux leur dire clairement que je ne me présenterai pas pour ma déportation. J’ai été capable de trouver l’autonomie et la dignité ici à Montréal, et je ne veux pas perdre ça. Ma famille, c’est mes amis ici. Je suis ici pour me défendre; je suis ici pour défendre la justice.» Il faisait cette déclaration  alors qu’il s’était réfugié en sanctuaire à l’église St-Gabriel trois jours plus tôt.

Kader a passé près de quatre ans de sa vie confiné en sanctuaire à l’église St-Gabriel dans son quartier de Pointe-St-Charles avant d’obtenur la résidence permanente en 2009. Il obtient sa citoyenneté neuf ans après être entré à l’église où il s’était réfugié, 12 ans après être arrivé au Canada et 18 ans après avoir quitté l’Algérie. La lutte a été longue et ardue pour trouver une forme de stabilité, d’équité, de justice et de dignité.

Comme demandeur d’asile originaire d’un quartier populaire en Algérie et comme personne aveugle, Kader a du se battre contre des barrières liées à la fois à son statut de migrant et de personne vivant dans la pauvreté et avec une incapacité. La discrimination des politiques d’Immigration Canada et de la société canadienne sur la base de l’incapacité a été révélée au grand jour à travers l’attitude des multiples fonctionnaires qui, refusant de considérer la réalité de son incapacité, ont rejeté sa demande de résidence permanente à plusieurs reprises. De plus, le discours d’Immigration Canada et le portrait dominant la couverture médiatique au début de la campagne pour l’obtention de son statut était celui d’une personne qui représente un «poids pour la société».

Depuis l’obtention de sa résidence permanente, Kader travaille au Centre des Travailleurs et Travailleuses Immigrants dans le quartier de Côte-des-Neiges, où il apporte son expérience vécue et participe à la lutte pour la justice pour les travailleurs migrants. Il est également bénévole au YMCA de son quartier à Pointe-St-Charles. Sa détermination et sa résilience malgré les multiples discriminations subies sont un pied de nez à la rhétorique qui a été utilisée contre lui et beaucoup d’autres.

Au moment où Kader et ses ami-e-s et supporteurs célèbrent cette victoire, le gouvernement canadien multiplie les déportations, les détentions, l’exploitation et la discrimination envers les personnes migrantes.

«En 2013, il y avait une moyenne de 52 déportations par jour, et nous assistons à une explosion du nombre de personnes sans statut forcées à vivre dans des situations d’extrême vulnérabilité», a dit Freda Guttman, une amie de Kader et membre du Comité de Soutien pour Abdelkader Belaouni.

La récente Loi visant à protéger le système d’immigration du Canada (plus justement appelée «Loi pour l’exclusion des réfugiés») a établi un système à deux vitesses fondamentalement discriminatoire, niant des droits et protections essentiels à certains réfugiés seulement sur la base de leur nationalité. Certains demandeurs d’asile sont maintenant mis sous la désignation «arrivées irrégulières» et sont soumis à l’arrestation et la détention obligatoires.

Au fil des années, la campagne de soutien à Kader a reçu de forts appuis de centaines d’individus et d’organisations, notamment des syndicats, des groupes religieux, des organismes pour la défense des personnes vivant avec une incapacité, des associations étudiantes, des collectifs féministes et pour la justice envers les migrants et des organismes communautaires. Ce soutien s’est étendu de son quartier de Pointe-St-Charles au reste du pays et internationalement.

Obtenir sa citoyenneté canadienne marque une victoire importante pas seulement pour Kader et celles et ceux qui luttent pour un statut et contre le capacitisme, mais aussi pour le mouvement pour la justice envers les personnes migrantes, un mouvement qui s’attaque à des politiques migratoires et de contrôle des frontières violentes, et dont la vision est celle d’un monde sans frontières, où toutes et tous peuvent vivre librement et dans la dignité.

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le Comité de Soutien pour Abdelkader Belaouni

http://www.soutienpourkader.net/