VOL SPÉCIAL
Un regard vers l’autre bout de la chaîne, vers la fin du parcours migratoire. Le cinéaste s’est immergé pendant 9 mois dans le Centre de détention administrative de Frambois à Genève, l’un des 28 centres d’expulsion pour sans papiers en Suisse.
LUNDI LE 30 JANVIER, 19h
Salle H-110, Université Concordia, 1455 de Maisonneuve Ouest
don suggéré: 2$-5$
Info: cinemapolitica.org
Fernand Melgar/ Suisse/ 2011/ 100 min/ Version originale française, Sous-titres : Anglais
Une co-présentation avec Personne n’est illégal-Montréal et Solidarité sans frontières.
INFO: www.solidarityacrossborders.
Chaque année en Suisse, des milliers d’hommes et de femmes sont emprisonnés sans procès ni condamnation. Pour la seule raison qu’ils résident illégalement sur le territoire, ils peuvent être privés de liberté pendant 18 mois dans l’attente de leur expulsion.
Après La Forteresse – Léopard d’Or au festival de Locarno – qui traitait des conditions d’accueil des requérants d’asile en Suisse, Fernand Melgar porte son regard vers l’autre bout de la chaîne, vers la fin du parcours migratoire. Le cinéaste s’est immergé pendant 9 mois dans le Centre de détention administrative de Frambois à Genève, l’un des 28 centres d’expulsion pour sans papiers en Suisse.
Pêle-mêle, on trouve à Frambois des requérants d’asile déboutés ou des clandestins. Certains sont établis en Suisse depuis des années, ont fondé une famille et travaillent. Ils cotisent aux assurances sociales et envoient leurs enfants à l’école. Jusqu’au jour où les services d’immigration cantonaux décident arbitrairement de les jeter en prison pour garantir leur départ. Le problème, c’est qu’aucun détenu n’est disposé à quitter la Suisse volontairement. Commence alors un long acharnement administratif pour les forcer à partir.
Dans ce huis clos carcéral, le face-à-face entre le personnel et les détenus prend au fil des mois une dimension d’une intensité parfois insoutenable. D’un côté une petite équipe soudée et motivée, pétrie de valeurs humanistes, de l’autre des hommes en bout de course, vaincus, épuisés par la peur et le stress. Se nouent alors des rapports d’amitié et de haine, de respect et de révolte, de gratitude et de rancœur. Jusqu’à l’annonce de l’expulsion, souvent vécue par les détenus comme une trahison, comme un ultime coup de poignard.
Cette relation «à la vie à la mort», comme le prouve hélas l’épisode le plus dramatique du film, s’achève la plupart du temps dans la détresse et l’humiliation. Broyés par la loi et son implacable engrenage administratif, ceux qui refusent de partir volontairement seront menottés, ligotés, casqués, pourvus de couches-culottes et installés de force dans un avion. Dans cette situation extrême le désespoir a un nom : vol spécial.