Cela fait un an que « Daniel », adolescent montréalais, a été déporté seul vers la ville de Mexico. Malgré la mobilisation de groupes communautaires et d’ami-e-s qui se sont réuni-e-s à l’aéroport de Dorval afin de dénoncer son arrestation dans une école québécoise, la police de Montréal (le SPVM) et l’agence des services frontaliers canadiens qui ont collaboré dans l’affaire (voir Mise en contexte en dessous), « Daniel », 17 ans, a été mis de force à bord du vol Aeromexico AM681 et déporté le 16 octobre 2014.
Depuis, « Daniel » doit se débrouiller seul et par lui-même dans l’une des villes les plus dangereuses du monde, séparé de sa famille qui réside à Montréal. « Daniel » connaît également des problèmes d’audition qui rendent sa situation encore plus précaire.
En dépit de la décision courageuse de la part de la famille de s’exprimer publiquement, l’État canadien n’a pas encore pris de décision concernant le dossier d’immigration de la famille de « Daniel », déposé depuis plus d’un an. Le gouvernement du Québec a également refusé de fournir de l’aide, en dépit de sa responsabilité évidente dans cette affaire : si le Québec avait un système d’éducation sécuritaire et confidentiel concernant la scolarisation des enfants sans statut, pendant l’année passée « Daniel » aurait été un étudiant comme les autres dans un école secondaire à Montréal en lieu d’être un enfant travailleur dans des fabriques du Mexique.
Le maire actuel de la ville de Montréal, Denis Coderre, qui a supervisé la déportation de plus de 20 000 personnes au Canada en tant que ministre fédéral de l’immigration (2002-2004), n’a pas répondu à un rassemblement devant l’Hôtel de ville il y a plus d’un mois demandant son intervention dans l’affaire.
Photos du rassemblement devant l’Hôtel de ville de Montréal le 4 septembre 2015 www.facebook.com/media/set/?set=a.912101228844538.1073741838.388641067857226&type=3&uploaded=14.
Ce même jour, M. Coderre annonçait pourtant son appui pour l’accueil des réfugiés syriens à Montréal. « Daniel » et sa famille sont des réfugiés du Mexique. Comme des centaines de milliers d’autres, ils ont vu leur statut de réfugié refusé par un système de sélection arbitraire. Comme des centaines de milliers d’autres personnes, la famille de « Daniel » a choisi de rester au Canada sans-papiers, refusant de retourner dans une situation encore plus difficile et précaire qu’elle avait décidé de quitter. Pour que « Bienvenue aux réfugié-e-s » ne soit pas un vain slogan, ne laissons pas de côté les membres de notre communauté qui vivent dans des conditions de précarité et de surexploitation en raison de leur situation de sans papiers.
Mise en contexte
Juin 2008 : Craignant pour la sécurité de sa famille suite à des menaces, la mère de Daniel quitte le Mexique pour le Canada avec ses enfants. Elle pense alors que ses enfants pourront grandir en toute sécurité et auront une meilleure vie. Âgé de 10 ans, Daniel est scolarisé à Montréal.
Février 2010 : la famille se voit refuser le statut de réfugiés. La mère a fait le choix difficile de vivre sans-papiers, plutôt que compromettre la sécurité et l’avenir de ses enfants en rentrant au Mexique. La famille de Daniel rejoint alors les rangs des centaines de milliers de sans-papiers qui vivent au Canada.
15 janvier 2014 : Daniel, qui réside au Québec depuis 6 ans, est convoqué dans un bureau de son école secondaire. On lui dit que si sa mère ne vient pas payer les factures pour leur inscription, Immigration Canada sera appelé et sa famille sera déportée. Daniel change d’école.
8 octobre 2014 : Daniel va rendre visite le jour de ses 17 ans à ses camarades dans son ancienne école. Le groupe d’ami-e-s se rassemble sur le trottoir puis rentre dans l’école à cause de la pluie. Daniel est immédiatement ciblé par le service de sécurité. Le SPVM arrive, le questionne sur son statut d’immigration. Daniel est arrêté et menotté devant tous ses ami-e-s. Il a été remis par le SPVM entre les mains de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), puis a été détenu pendant une semaine, isolé dans le centre de détention de Laval car mineur.
10 octobre 2014 : Un dossier de demande de residence permanente pour considérations d’ordre humanitaire est déposé ; la demande permettrait la régularisation du statut d’immigration de la famille et le retour de Daniel.
16 octobre 2014 : Daniel a été déporté au Mexique, seul