1981 Marcia arrive à Montréal à l’invitation d’un-e ami-e. Elle a 22 ans, et commence rapidement à travailler comme gardienne d’enfants. Elle demeure au Canada sans papiers.
1982-2012 Elle continue de travailler comme gardienne d’enfants et ménagère dans plusieurs résidences. Elle est également aidante naturelle pour les aîné-e-s dans des centres d’hébergement et de soins. Marcia a plusieurs ami-e-s et connaissances à travers les années, mais a trop peur de révéler à qui que ce soit sa situation irrégulière. Elle essaie de contacter un-e avocat-e afin de régulariser son statut, mais les démarches n’aboutissent pas en raison des conseils confus et des frais beaucoup trop dispendieux pour ses revenus modestes.
2013 La santé de Marcia se détériore. À titre de femme sans papiers, elle n’a pas accès aux soins de santé. Bien qu’effrayée, elle réalise qu’elle doit demander de l’aide médicale. Elle apprend qu’elle a le diabète. Elle ne peut payer pour le traitement, mais Médecins du monde l’aide. Elle devient active au sein du réseau de Solidarité sans frontières, et est également soutenue par le réseau.
2014 Sa vue faiblit. Marcia ne subvient alors à ses besoins qu’à travers des travaux ménagers à temps partiel, et peine à payer son loyer. À titre de femme sans papier, elle n’a pas accès aux services sociaux ou aux logements sociaux.
2015 La vue de Marcia se détériore davantage, et elle reçoit finalement le diagnostic du glaucome. Incapable de voir, elle n’est désormais plus en mesure de payer son loyer. Elle perd son logement et devient sans abri. Elle loge alors chez différent-e-s ami-e-s. Grâce à une levée de fonds, elle a accès à une opération d’urgence pour lui permettre de retrouver la vue. Il est cependant trop tard : en décembre, elle devient complètement aveugle.
Janvier à juin 2016 Marcia est alors complètement dépendante d’autres membres de la communauté, aussi bien au niveau financier que pour les tâches quotidiennes. L’ophtalmologiste de Marcia l’oriente vers le Centre de réadaptation l’Association Montréalaise pour les aveugles (MAB-Mackay) pour qu’elle y reçoive les services nécessaires pour sa sécurité et afin qu’elle recouvre l’autonomie. Le MAB-Mackay est le centre de réadaptation pour les populations anglophones vivant à Montréal. Les soins de santé lui sont toutefois refusés en raison de son statut d’immigration.
Juin 2016 L’avocat-e de Marcia soumet une demande de résidence permanente sous des motifs humanitaires. Le site Internet d’Immigration et citoyenneté Canada soutient que le temps moyen pour une telle application est de 30 mois. Si Marcia est acceptée, elle devra se soumettre à des vérifications supplémentaires et appliquer pour un Certificat de sélection du Québec avant d’obtenir sa résidence permanente. Ce processus peut prendre jusqu’à 12 mois supplémentaires.
Juin à octobre 2016 Sur les conseils d’un-e ami-e, Marcia se rend à son CLSC, qui la dirige à nouveau vers le MAB-Mackay. On lui refuse encore une fois les soins de santé en raison de son statut d’immigration. Le CLSC fait appel de cette décision, et en octobre Marcia apprend que le MAB-Mackay lui offrira des services. Un dossier est ouvert à son nom. Lors d’un entretien téléphonique avec le MAB-Mackay, on lui demande quels sont tous ses besoins.
Décembre 2016 Le MAB-Mackay revient sur sa décision. Dans une lettre écrite à Marcia datée du 22 décembre, le MAC-Mackay écrit : « Nous avons pris connaissance que vous n’avez pas de statut présentement (…). Les services de réadaptation ne peuvent être offerts avant que nous n’ayez un statut valide. Conséquemment, nous souhaitons vous informer que votre demande d’accès aux services du MAB-Mackay a été refusée (…) ».
Février-avril 2017 La Ville de Montréal adopte une motion de Ville sanctuaire. 60 travailleurs et travailleuses en soin de santé, des membres de la communauté ainsi que des organisations co-signent une lettre envoyée au MAB-Mackay afin que Marcia puisse y recevoir des soins. Denis Coderre est en copie conforme de la lettre. Le MAB-Mackay répond encore une fois que l’accès aux soins est refusé. Une pétition est lancée en soutien à Marcia. La pétition obtient rapidement la signature de plusieurs centaines d’individus et d’organisations.
Mai-juin 2017 Une conférence de presse est annoncée. Le 19 mai, le MAB-Mackay contacte Marcia. Le MAB-Mackay souhaite la rencontrer pour discuter des services qui peuvent lui être offerts, mais demeure toujours réticent à s’engager à donner à Marcia les services en fonction de ses besoins, sans égard à son statut d’immigration. Le 24 mai, lors de la conférence de presse, Marcia demande la Ville de Montréal de trouver une solution et demande à MAB-Mackay d’adopter une politique d’accès pour les résident-e-s montréalais-es sans papiers. Le 1er juin, Marcia reçoit une lettre (datée le 23 mai) disant qu’elle va enfin accèder aux services de MAB-Mackay.