Ramenons Lucy! Tenir l’ASFC responsable.
Le vendredi 13 avril, avec une peine immense et beaucoup de colère, plusieurs personnes ont appris que Lucy Francineth Granados avait été expulsée au Guatemala, escortée par deux agents de l’ASFC et d’un médecin. Elle est arrivée au Guatemala après un long vol, vivante mais traumatisée et encore blessée par sa violente arrestation trois semaines plus tôt.
Après le refus de la Cour fédérale d’arrêter l’expulsion de Lucy jeudi soir et face au silence continu du ministre de l’immigration Ahmed Hussen, un dernier effort a été fourni pour arrêter la déportation. Une cinquantaine de personnes se sont rendues au Centre de prévention de l’Immigration de Laval peu après trois heures du matin vendredi, avec des banderoles, des ballons, des fleurs, de la musique et de l’amour, ils ont enchaîné les portes et barré les sorties, espérant empêcher ainsi la déportation de Lucy jusqu’à ce que la demande d’immigration de Lucy soit examinée.
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Lucy a pu apercevoir brièvement ses ami.e.s avant que les agents ne la pressent vers l’arrière du bâtiment, allant jusqu’à couper une clôture pour la faire sortir, déterminés à se débarrasser d’elle au plus vite et à faire taire une campagne qui a attiré l’attention du public sur les abus de l’ASFC. Entourée d’agents de l’ASFC et de policiers qui criaient «vite, vite», Lucy a marché jusqu’à un véhicule de l’ASFC qui attendait sur une route avoisinante. Escortée par plusieurs voitures, elle a été amenée à l’aéroport, conduite directement sur le tarmac et montée dans l’avion, qui a décollé 15 minutes plus tard. Elle a été forcée de laisser tous ses bagages derrière elle et elle est arrivée au Guatemala avec seulement ses vêtements sur elle. “C’était un kidnapping, ce qu’ils ont fait avec moi,” elle a dit.
Pendant ce temps, de nombreux véhicules de l’ASFC tournaient au ralenti près des sorties du centre de détention, laissant croire aux personnes présentes que Lucy se trouvait peut-être dans l’un d’entre eux. Une douzaine d’agents de police armés et vêtus de noir ont défilé en formation militaire pour s’installer face à une des sorties, devant les amies de Lucy. Il semble maintenant qu’au moins certains de ces véhicules pourraient été une ruse pour détourner l’attention de l’expulsion de Lucy. Ignorant que Lucy avait été emmenée hors du centre de détention, les chants et les danses ainsi que la musique se sont poursuivis jusqu’à 10h, lorsque l’ASFC a enfin confirmé que Lucy avait été expulsée.
Révolté par la déportation de Lucy, des membres de Personne n’est illégal à Toronto ont perturbé une conférence du ministre de l’Immigration Ahmed Hussen vendredi soir (lien video), exigeant de lui une réponse aux trois semaines de mobilisation constante pour Lucy : visites aux députés, appels téléphoniques et courriels aux bureaux de Hussen, lettres, articles, rassemblements, veillées et sit-in de huit jours, ainsi qu’une pétition de plus de 14 000 signatures. Personne n’est illégal a demandé que Hussen permette à Lucy de revenir au Canada, mette fin aux déportations et régularise les personnes sans statut vivant au Canada.
Au cours des dernières semaines, un énorme effort a été fait pour empêcher l’ASFC de déchirer notre communauté en expulsant Lucy. Beaucoup d’amour pour tou.te.s ceuzes qui ont soutenu Lucy de différentes manières. Cet effort n’était pas seulement une démonstration d’amour pour Lucy, mais de solidarité et de respect pour tous les membres de la société qui sont sans-papiers. C’était une manière d’affirmer une opposition contre les exclusions violentes quotidiennes qui découlent du système d’immigration canadien. Révélant la cruauté du gouvernement canadien – qui a trouvé des ressources pour expulser cette mère monoparentale sans papiers malgré le soutien populaire – notre mobilisation a néanmoins réussi de plusieurs façons. Dans les prochains jours, nous allons pleurer cette perte et rassembler une nouvelle énergie pour continuer cette lutte essentielle.
ACTIONS : Ramenons Lucy! Tenir l’ASFC responsable
Il est très important non seulement pour Lucy et sa famille, mais pour les centaines de milliers d’autres sans-papiers au Canada, que le gouvernement prenne ses responsabilités.
Voici plusieurs actions que vous pouvez entreprendre :
1. Appelez et écrivez au ministre de l’immigration, Ahmed Hussen, lundi 16 avril et mardi le 17 avril
La demande de résidence permanente de Lucy pour motifs d’ordre humanitaire (CH) est toujours en traitement. Si elle est acceptée, Lucy pourra peut-être retourner au Canada. Le dossier de Lucy est très solide et dans des circonstances normales, si elle avait été encore dans le pays, il aurait été accepté. Cependant, il est très inhabituel que les CH soient acceptées une fois la demanderesse expulsée. Etant donné cela, un soutien public est nécessaire.
Appelez ou écrivez Ahmed Hussen et demandez-lui d’accepter immédiatement le dossier humanitaire de Lucy afin qu’elle puisse retourner chez elle, parmi les siens, au Canada.
Téléphone: 613-995-0777 + 416-656-2526
Courriel: Ahmed.Hussen@parl.gc.ca + minister@cic.gc.ca
2. Appelez et écrivez au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, lundi 16 avril et mardi le 17 avril
Pourquoi le gouvernement était-il si déterminé à expulser Lucy? Cette question devrait être posée aussi fort et aussi souvent que possible. En janvier, un agent de l’ASFC a appelé l’avocate de Lucy et a menacé que sa demande de résidence permanente pour des raisons humanitaires ne serait pas traitée si elle ne se présentait pas pour être expulsée. Cela a ajouté beaucoup de stress à Lucy; d’autant plus que c’était faux. Le 20 mars, Lucy a été violemment arrêtée par quatre agents de l’ASFC qui sont venus chez elle. Elle a été jetée sur une table et ensuite sur le sol, son bras a été tordu dans son dos, et l’agent s’est agenouillé sur son dos. Trois semaines plus tard, son bras reste partiellement mobile et sa main est engourdie et décolorée; son cou et son dos sont meurtris et elle a des douleurs dans la poitrine. La manière dont Lucy a été traitée de Lucy crée sème la peur : les autres sans-papiers ont peur qu’en essayant de régulariser leur statut, ils risquent d’attirer l’attention sur eux.
Appelez et écrivez au ministre de la Sécurité publique, Ralph Goodale, pour lui demander d’enquêter sur la conduite de l’ASFC à l’égard de Lucy et pour que des accusations soient portées contre les agents impliqués.
Téléphone: 613-947-1153 + 306-585-2202 + 613-991-2924
Courriel: ralph.goodale@parl.gc.ca + Hon.ralph.goodale@canada.ca