26 novembre, 2014 – Un comité d’accueil a été formé tôt hier matin pour interpeller le Ministre de la Citoyenneté et de l’Immigration Chris Alexander, qui était à Montréal afin de participer à une consultation fermée de groupes communautaires soigneusement choisis. L’événement avait comme objectif de promouvoir le projet de loi : « Tolérance zéro pour des pratiques culturelles barbares, » une législation raciste, xénophobe qui cible tout particulièrement les communautés migrantes.
Des membres de Solidarité sans frontières, Mexicain-e-s uni-e-s pour la régularisation, et le Centre communautaire des femmes Sud-Asiatiques ont convergés devant le bâtiment de l’Agence des services frontaliers du Canada, où la réunion avait lieu. Une militante a pu entrer et a interpellé le Ministre directement, en dérangeant la rencontre, pendant qu’un groupe de manifestant-e-s qui est resté dehors scandait des slogans et agitait des banderoles.Quand les manifestant-e-s devant le bâtiment ont essayé d’entrer dans l’immeuble pour exiger que leurs voix soient entendues, ils ont été violemment bloqués par les gardien-ne-s de sécurité et ont été embarrés. Le Ministre a refusé de les rencontrer et les participant-e-s de la table ronde ont été forcé de partir de la réunion par la porte arrière.
Les manifestants soulignaient l’opportunisme et les fondements racistes du projet de loi proposé : « Il est raciste, xénophobe et Islamophobe. Il ne s’agit pas d’un seul amendement aux lois mais d’un agenda de répression plus large, un agenda qui prive les femmes de leur pouvoir » dit Dolores Chew du Centre communautaire des femmes Sud-Asiatiques. « Nous questionnons la motivation pour laquelle cette législation est introduite alors que le système d’immigration est rendu de plus en plus sévère. Il est très clair que les systèmes d’oppression utilisent toujours la patriarchie pour cibler les communautés vulnérables, et que ça se passe toujours sur les dos des femmes.»
Les groupes de justice migrante soulignent que le gouvernement Harper a continuellement démontré son indifférence quant à la sécurité des femmes au Canada. Il continue à générer de la violence à caractère sexiste, depuis l’inaction face aux milliers de femmes autochtones disparues et assassinées jusqu’à la déportation des femmes qui fuient la violence dans leur pays d’origine. Il contraint des aides familiales ainsi que des travailleuses temporaires d’être lié à un seul employeur, et il demande la cohabitation lors des demandes de parrainage, ce qui peut forcer des femmes à rester dans des situations de précarité et d’abus. « Beaucoup de femmes vivent de la violence, ne peuvent pas se séparer à cause du fait qu’elles sont en processus de parrainage. En fait, c’est un type de ‘mariage forcé’. Lorsque les femmes fuient la violence au Mexique, elles n’ont pas nécessairement refuge ici » dit Inti Barrios de Mexicain-e-s uni-e-s pour la régularisation.
« [Ce projet de loi] reflète des modèles problématiques de paternalisme et de colonisation de la part de l’élite blanche, privilégiée et racialisée qui présume qu’elle peut parler au nom des femmes, surtout celles d’entre nous qui vivons de la discrimination et l’exclusion, » ajoute Chew.
Le Canada a dépensé un total de 7,5 $ million depuis 2012 pour le renvoi de refugiés potentiels afin qu’ils abandonnent leurs demandes de refugiés et quittent le pays. Chaque année, entre 9,000 et 15,000 migrant-e-s, incluant des enfants, sont détenu-e-s sans inculpation. Il y a entre 520 et 550 personnes en détention d’immigration à un moment donné au Canada. En 2013, le Canada a déporté plus que 15,000 personnes, soit plus que 40 personnes par jour. Nous vivons actuellement un régime de déportation massive : presque 90,000 individus ont été expulsés sous le gouvernement de Harper.
« Le Canada continue à viser violemment des communautés immigrantes comme étant ‘le problème,’ légiférant ainsi le racisme et la xénophobie systémique qui alimentent la violence contre les femmes migrantes et les femmes de couleur, » dit Amy Darwish de Solidarité sans frontières. « Ce projet de loi, complètement inutile, est l’équivalent fédéral de la Charte de valeurs québécoises, contre laquelle les conservateurs opportunistes se sont opposés. Ce n’est qu’une manœuvre politique du gouvernement qui vise à évoquer les stéréotypes sensationnalistes et des fausses peurs face aux autres cultures et traditions, tout en distrayant la population des enjeux qui produisent la précarité auprès des communautés migrantes, tels qu’une liste croissante de pays ‘sûr’, des programmes de travailleur-euse-s temporaires qui sanctionnent l’exploitation, et d’un système de refugié accéléré. Les fondations du projet de loi, manifestement xénophobe, sont abominables. »
Si le gouvernement conservateur est véritablement inquiet de la sécurité des femmes et des filles, comme il prétend l’être, « pourquoi a-t-il été si méprisant quant au nombre de femmes autochtones disparues et assassinées, plaçant le fardeau de la preuve sur les victimes? » dit Chew. « Il faut que nous levions nos voix et que nous nous mobilisions afin de faire connaître notre colère et notre rage. »
SAWCC workers, members, friends and allies also delivered a letter to the Minister of Citizenship and Immigration, Chris Alexander, on Tuesday November 25th, 2014. The letter is available here.