Pour des milliers de migrant.e.s sans papiers vivant au Canada, des villes comme Montréal, Toronto et Vancouver sont de véritables ateliers de misère. Les migrant.e.s et les réfugié.e.s occupent les emplois les plus précaires et les plus dangereux. L’économie canadienne ne peut survivre sans cette main-d’œuvre aisément exploitable et hyper-vulnérable en raison du statut permanent dont ces personnes sont privées et en raison de la menace de déportation qui pèsent sur elles.
Pour que le capital profite de leur travail, les migrant.e.s sans papiers sont maintenu.e.s de force dans un état d’extrême vulnérabilité et privé.e.s de l’accès aux services essentiels et aux droits socio-économiques fondamentaux. Ce véritable système d’apartheid se maintient en place à coups de lois et de réglementations, mais aussi à force de crainte d’être découvert.e.s et déporté.e.s.
Tout le monde devrait avoir accès aux soins de santé, à l’éducation, au logement social, aux banques alimentaires, à l’aide financière aux chômeurs et chômeuses et à toute forme de protection sociale, peu importe son statut migratoire. Les normes du travail et les droits humains devraient être accessibles à toutes et tous sans exception.
Alors que les capitaux et les grandes entreprises franchissent les frontières plus facilement que jamais, ces mêmes frontières deviennent de plus en plus meurtrières pour des milliards d’êtres humains à travers le monde. « “Cité sans frontières” est le nom de notre résistance à cette réalité et le nom du projet visant à faire de nos milieux de vie non plus des lieux de discrimination et d’exploitation à caractère raciste mais des espaces d’entraide, de soutien et de solidarité.
Bâtir une Cité sans frontières, c’est aussi bâtir une ville qui rejette un système qui engendre la pauvreté et l’angoisse, pas seulement pour les immigrant.e.s et les réfugié.e.s, mais aussi pour des milliers d’autres Montréalais et Montréalaises qui font face à ces réalités.
On nous propose la peur, la précarité et la division. Nous répliquons par la solidarité, l’entraide mutuelle et l’action directe.
Nous demandons que:
- Toute personne qui vit ici devrait avoir le droit aux soins de santé gratuits, dans les cliniques, CLSC, hôpitaux et autres. Les hôpitaux et les cliniques ne devraient jamais exiger de renseignements sur le statut d’immigration. Ils devraient plutôt travailler à prodiguer des soins appropriés et respectueux à tous les usagers. Nous voulons des soins de santé accessibles à toutes et à tous, et soutenons les efforts pour défendre le système public.
- Toute personne qui vit ici devrait pouvoir aller à l’école gratuitement, peu importe son statut d’immigration ou celui de ses parents. Nous sommes en faveur de la gratuité scolaire pour toutes et tous, de la maternelle à l’université, et défendons une éducation accessible à tous les niveaux et pour toutes et tous.
- L’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) ne devrait pas avoir le droit d’entrer et d’arrêter des migrant.e.s dans les hôpitaux, cliniques, refuges, écoles ou autres endroits qui fournissent des services essentiels. Ultimement, nous rejetons la présence des agents frontaliers dans nos communautés
- Toute personne qui vit ici devrait avoir accès aux logements sociaux, banques alimentaires, prestations de chômages et autres mesures sociales de base, peu importe son statut d’immigration.
La campagne«“Cité sans frontières” se veut une tentative de généraliser et d’élargir certains des principes de base qui ont guidé les luttes immigrantes à Montréal:
- briser l’isolement et la peur ; créer un réseau et s’unir autour de revendications communes, claires et concrètes (c’est-à-dire un statut pour toutes et tous, ainsi que l’opposition aux déportations et aux détentions);
- la pratique quotidienne de l’entraide mutuelle et de la solidarité (le travail de soutien), ce qui contraste avec l’approche de charité ou de «services»;
- organiser des campagnes issues des réalités du terrain;
- bâtir à long terme la capacité de nos réseaux de soutien et d’entraide mutuelle;
- tenir les décideurs politiques responsables de leurs faits et gestes;
- utiliser l’action directe pour obtenir justice.
Ensossez la déclaration pour une Cité sans Frontières
Afin de rendre concrète cette résistance, nous demandons aux organisations et aux centres communautaires, aux syndicats et aux organismes de défense de droits, aux écoles et aux institutions d’enseignement, aux centres de services sociaux et de soins de santé, aux banques alimentaires, aux centres d’hébergement et autres refuges, aux coopératives d’habitation et aux organismes de logement social, enfin à toute organisation et à toute personne de s’engager à fournir des services à tou.te.s, sans égard au statut d’immigration. En signant la présente déclaration, nous faisons un premier geste visant à manifester symboliquement et publiquement cet engagement.
De plus, en endossant cette déclaration collective, nous appuyons publiquement la campagne Un statut pour tou.te.s qui revendique la fin des déportations et des détentions des migrant.e.s, ainsi qu’un programme continu et complet de régularisation pour tous les sans-papiers vivant au Canada.
Les organismes fournissant des services s’engagent:
- à ne jamais demander d’information à propos du statut d’immigration
- à traiter de façon strictement confidentielle les informations concernant les statuts d’immigration qu’ils posséderaient déjà et à ne les partager d’aucune manière avec les autorités et les agences gouvernementales ;
- à ne pas exiger de frais sur la base du statut d’immigration ;
- à mettre en œuvre une politique de non-coopération avec l’Agence des services frontaliers, notamment en refusant leur présence dans leurs lieux ;
- à s’assurer que toute personne travaillant chez eux et dans leur communauté ait accès aux normes de travail et aux autres droits humains, peu importe son statut migratoire.
- À la peur, à l’isolement, à la division et à la précarité, nous répondons par l’entraide, le soutien, la solidarité et l’action directe.
Cette déclaration est endossée et signée par:
- Solidarité sans frontières / Solidarity Across Borders
- Personne n’est illégal-Montréal / No One Is Illegal
- Dignidad Migrante
- Mexicains Unis pour la Regularisation / Mexicans United for Regularization (MUR)
- Centre des travailleurs et travailleuses immigrantEs / Immigrant Workers Center (CTI)
- Apatrides anonymes
- Assemblée populaire et autonome de Villeray (APAQ-Villeray)
- Association des Locataires de Villeray
- Association of McGill University Support Employees (AMUSE)
- Café l’Artère
- Centre d’éducation et d’action des femmes (CÉAF)
- Centre des femmes d’ici et d’ailleurs
- Centre des femmes italiennes de Montréal
- Chaotic Insurrection Ensemble
- Coalition des familles homoparentales
- Collectif opposé à la brutalité policière (COBP)
- Comité citoyen de Parc-Extension
- Comité Logement Ahunstic-Cartierville
- Comité pour les droits humains en Amérique latine (CDHAL)
- Conseil central du Montréal métropolitain-CSN
- Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC)
- Coopérative d’habitation Le Peuplier de Pointe-Saint-Charles
- Coopérative d’habitation Port d’attache de Parc-Extension
- La Belle Époque
- Médecins du Monde
- Mouvement Action Justice
- P.O.P.I.R. – Comité Logement
- Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC)
- Quebec Public Interest Research Group (QPIRG) at Concordia
- Quebec Public Interest Research Group (QPIRG) at McGill
- Les Services juridiques communautaires de Pointe-Saint-Charles et de Petite Bourgogne
- Southwest Solidarity Network / le Réseau de Solidarité du Sud-Ouest
- Syndicat des auxiliaires de recherche et d’enseignement du Concordia (SAREC/TRAC)
- Tadamon
Nous invitons les organisations et les groupes de la région montréalaise à discuter cette déclaration collective et à la signer. Si votre organisation veut signer cette déclaration, ou a besoin plus de renseignements (incluant une présentation par les membres de Solidarité sans frontières, écrivez-nous: solidaritesansfrontieres@gmail.com