Montréal, 21 mars 2017 — Le ministre de l’immigration fédéral, Ahmed Hussen, a été interpellé par trois femmes sans statut quelques jours avant la Journée internationale contre le racisme, lorsqu’il rentrait à l’Hôtel Le Centre Sheraton Montréal pour donner un discours dans le cadre d’une conférence académique. Les femmes, membres du Collectif des femmes sans statut de Montréal, étaient là pour remettre un message directement à M. Hussen sur leur propre vulnérabilité à l’exploitation et aux abus à cause de leur statut précaire d’immigration. Les personnes sans statut forment une couche particulièrement opprimée de la société canadienne, en raison de leur origine et leur race, à qui sont niés les droits économiques, politiques et sociaux.
« Mon cœur battait très fort parce que je savais que si les organisateurs de la conférences appelaient la sécurité ou la police, c’était la fin pour moi », a dit Lorena, une femme sans papiers dans la soixantaine, qui travaille dans le nettoyage pour moins du salaire minimum et qui n’aurait jamais pu payer les frais d’admission élevés pour l’entrée à la conférence.
« Si la police vérifiait mon nom, ils m’auraient détenue au Centre de détention de Laval, et j’aurais été déportée ».
Une deuxième femme, Ana, a essayé de lui donner une lettre en main propre, mais le ministre Ahmed Hussen a refusé de la prendre. Il l’a plutôt renvoyée vers son adjointe, à qui Ana a pu donner la lettre. « Quand j’ai expliqué que la lettre venait du Collectif des femmes sans statut, l’adjointe du Ministre a reconnu le nom », a-t-elle dit.
Dans sa lettre, le Collectif de femmes sans statut de Montréal demande au ministre de régulariser les personnes sans statut. La lettre a été remise physiquement au bureau du Premier Ministre Trudeau en novembre du 2015, et envoyée à l’ancien ministre de l’immigration John MacCallum.
« Jusqu’à présent, le gouvernement de Trudeau n’a pas répondu à notre lettre ou pris une position publique par rapport à la régularisation des dizaines de milliers de personnes sans statut au Canada. M. Hussen n’a absolument pas mentionné cet enjeu dans son discours, comme si on n’existait pas. Le gouvernement continue à dire qu’il accueille des personnes réfugiées et qu’il est pro-immigrants, mais nous voulons savoir : qu’en est-il de nous ? » dit Guadalupe, une autre membre du collectif.
Le Collectif des femmes sans statut de Montréal a été formé à l’automne du 2015. Depuis, ces femmes ont courageusement mené une campagne publique demandant la fin du traitement des dossiers au cas par cas et un programme compréhensif de régularisation pour toutes les personnes vivant au Canada sans statut. En demandant la régularisation pour tous et toutes, elles luttent pour que tout le monde puisse avoir la possibilité de vivre dans la dignité, le respect et l’égalité des droits.